Marie Lamarche
Marie Lamarche racontée par Manu Causse
Quand elle est près de toi, quand elle parle, qu’elle explique, s’agite patiemment,
tu remarques toujours les yeux de Marie. Derrière ses lunettes, sous sa frange. Et
tu sais qu’elle regarde. Tu sais que le monde, grâce à ses yeux, s’anime d’un
frisson étrange.
Au fil des mois, je l’ai vue partir dans mille directions, pour revenir toujours à ces
silhouettes, à ces formes grises et noires figées dans leur mouvement.
Marie Lamarche est insaisissable. Profondément insatisfaite, sans doute, à
poursuivre toujours un rêve ou une vision. Elle se lance dans ses projets comme
un oiseau quitterait sa branche. Parfois, on craint qu’elle se rompe le cou – mais là
voilà déjà en vol, en équilibre, jouant avec les courants. Elle trace son sillon dans
la matière fine, inlassablement.
Je crois qu’elle a cette vision animale, chamanique du monde – celle qui perçoit
au-delà des apparences, qui creuse et fouille le réel jusqu’à toucher la réalité. Pas
pour en rendre compte, mais simplement pour en reproduire la trace, la forme.
Pour le spectacteur. Pour nous.
J’aime Marie et ses quidams. Ses gris nous éclairent, ses corps nous donnent
forme. J’aime ce qu’elle met en jeu, en mouvement, lorsqu’elle se plonge dans la
matière. C’est ainsi qu’elle fonde sa propre poétique, qu’elle devient - beaucoup
plus qu’une artiste - une créatrice.