L'Arbre , exposition à la Bibliothèque de Bordeaux avril 2011
Exposition à l’occasion de l’assemblée générale de l’association
L’Estampe d’Aquitaine
1ère partie : XVe – XVIIIe siècles
Du 31 mars au 13 avril 2011
Bibliothèque de Bordeaux-Mériadeck
4e étage, fonds anciens et patrimoniaux
Entrée libre aux heures d'ouverture de la bibliothèque
Une deuxième partie (XIXe-XXIe siècles ) sera présentée au même lieu dans la première quinzaine de mai.
En cliquant sur les images qui suivent, vous pourrez les agrandir.
Après la liste des gravures viennent un répertoire alphabétique des peintres et graveurs cités
puis une suite de textes sur l'arbre :
Roger de Piles, Cours de peinture par principes (1708)
P. H. Valenciennes, Élémens de perspective pratique à l'usage des artistes, suivis de Réflexions et Conseils à un Elève sur la Peinture, et particulièrement sur le genre du Paysage (1800)
Marcel Saule, Le pin à crochets dans la haute montagne pyrénéenne (2011)
Vous pouvez aussi voir le diaporama complet de l'exposition en cliquant dans la colonne de gauche
sur l'album d'images intitulé L'Arbre.
Ouvrages de la Bibliothèque
de Bordeaux
A.
Pierre Belon (1518-1564)
Les Observations de plusieurs singularitez et choses mémorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Égypte, Arabie, & autres pays estranges, rédigées en trois livres, par Pierre Belon,.... - A Paris : chez Hierosme de Marnef, & la veufve Guillaume Cavellat , 1588. - [24], 468, [2] p. : ill. gr. s. b. dépl. ; in-4 (ã-i4 A-Z4 AA-ZZ4 AAa-NNn4)
Deux cartes dépl. gravées sur bois. Nombreuses illustrations dans le texte, gravées sur bois. Marque au titre. Ex-dono ms Barbot et cachet de l'Académie des sciences et belles-lettres de Bordeaux au titre
B.
Colin, Anthoine (156.-16). trad.
Histoire des drogues, espiceries, et de certains médicamens simples qui naissent ès Indes tant orientales que occidentales, divisée en deux parties : la Ie, de Garcie du Jardin et de Christophle de La Coste ; la 2e, de Nicolas Monard, traittant de ce qui nous est apporté des Indes occidentales : le tout translaté en françois sur la traduction latine de Clusius, par Anthoine Colin. - Lyon : J. Pillehotte, 1602. - ff. lim., 711 p. : table ; fig. ; in-8
Orta, Garcia de
Acosta, Christoval (1525?-1593?)
Monardes, Nicolas (150.?-1588)
Cote S12710
C.
Ferrari, Giovanni Battista. S. J., Le P.
Hesperides, sive de Malorum aureorum cultura et usu libri quatuor Jo. Baptistae Ferrarii,.... - Romae : sumptibus H. Scheus, 1646. - In-fol., pièces liminaires, 480 p., l'index et pl. gravées
Liste des gravures présentées
par les membres de l'association
1. Anonyme L, graveur vénitien plagiaire de Jean Grüninger à Strasbourg, Enée arrivant en Italie chez le roi Evandre.
Gravure sur bois de fil.
Illustration des vers 121-153 du chant VIII de l’Enéide de Virgile.
Venise, chez Lucantonio Giunta, 1522, d’après l’édition strasbourgeoise de 1502 par Jean Grüninger [1].
La page est organisée autour de deux vers de Virgile qui constituent le texte majeur. Autour de lui en plus petits caractères, les gloses des commentateurs et des grammairiens.
On reconnaît Enée arrivant chez le roi Evandre et son fils Pallas, alors qu’a lieu, sur le site futur de Rome, un sacrifice à Hercule suivi d’un festin en plein air.
Les bateaux sur lesquels Enée a remonté le Tibre sont des vaisseaux de haute mer équipés pour la guerre de châteaux de bois. Les arbres sont figurés assez grossièrement ramifiés, le feuillage est tracé feuille à feuille, mais on ne saurait en identifier l’espèce à partir de ces formes fuselées disposées en bouquets. La forêt est certes plus sombre que la côte dégagée du premier plan, et l’ombre est marquée sur l’un des côtés de l’arbre derrière Evandre, mais c’est une ombre propre factice plutôt qu’une observation de la nature. Elle sert à délimiter les formes, à isoler les plans, mais non à indiquer la projection de la lumière sur un objet : les personnages, l’arbre, les rochers ne projettent pas d’ombre, les bateaux sont d’un noir uniforme. La figuration de la lumière est aussi schématique que celle de l’arbre.
2. CRANACH Lucas (Kronach 1472 - Weimar 1553), Adam et Eve au paradis terrestre.
Xylographie sur bois de fil, 33,5 x33 cm au t.c.
Signé des lettres LC avec le dragon, daté 1509 avec inversion des chiffres, armoiries de la Saxe accrochés à l'arbre.
Retirage moderne de la Reichsdruckerei Berlin sur papier vergé, timbre sec en marge.
La scène est conforme au texte biblique de la Genèse quant à la nudité du couple originel, et au rôle du serpent dans la tentation d'Eve et d’Adam. La faute n'a pas encore été consommée, elle est sur le point de l'être, mais la paix règne encore entre l'homme et les animaux, ainsi que parmi les animaux. Le lion dort parmi les cerfs, les moutons, les chevaux, le sanglier et les daims. Cette réunion d'animaux est absente du texte de la Genèse. Elle sert à signifier le paradis terrestre, l'état du monde avant la faute.
L'arbre de la science du bien et du mal a des feuilles qui évoquent le figuier selon Genèse 3,7 et des fruits plutôt semblables à ceux du pommier. Il sert à suspendre les armes de Saxe et la signature du graveur avec la date dans le cartouche comme souvent dans les compositions héraldiques, où l’arbre n’est qu’un support. Mais ici c’est aussi l’arbre aux fruits interdits.
3. Anonyme de Mayence, 1523, [Armée romaine en campagne en Grèce]
Gravure sur bois de fil tirée de
LIVIUS, Titus. Romische historien Titi livii mit etlichen newen Translationen, so kurtzuerschienen jaren im hohenthum Styfft zu Mentz im latein erfunden und vorhyn nit mer gesehen. Traduit en allemand par Bernhard Schöfferlin, Ivo Wittich & Nicolaus Fabri Carbach. Mainz: Johannes Schöffer, 1523.
Illustration de l’envoi de l’armée romaine en Grèce sous Lucius Quintius. Il est question de Marcus Baebius, consul l’année précédente, soit 181 avant J.C.
La page imprimée sur les deux faces présente trois registres superposés dans les limites du trait carré. En bas deux registres de lansquenets et de cavaliers en habits du XVI e siècle, l’anachronisme étant général à cette époque. En haut une embuscade dans une forêt où deux cavaliers sont attendus par une troupe dissimulée dans la forêt.
Là les arbres sont mieux que des troncs noueux, ils ont un feuillage opaque. On pourra reprocher à ce dessin d’avoir donné à la forêt des proportions inexactes, de montrer des arbres à peine plus hauts que la lance d’un cavalier ou d’un fantassin. Mais les arbres ne sont pas de simples contours, ils ont une épaisseur où leurs branches cachent les troncs, un volume dont la lumière éclaire les franges supérieures, tandis que le tronc est entouré de l’ombre des branches basses. Les feuilles ne sont pas isolées, elles sont représentées en masses, ourlées de façon répétitive, trop vague pour qu’on en reconnaisse les espèces.
4. SOLIS Virgile (Nuremberg 1514-1562), Orphée charmant les animaux
Xylographie imprimée sur les deux faces.
7,3 x 9,5 cm au trait carré.
Tirée d'une édition allemande des Métamorphoses d'Ovide.
Metamorphoses Ovidii, argumentis quidem soluta oratione ; Enarrationibus autem & Allegoriis Elegiaco versu accuratissime expositæ, summaq ; diligentia ac studio illustratæ, per M.Iohan.Sprengium Avgvstan. Vnà cum uiuis singularum transformationum Iconibus à Vergilio Solis, eximio pictore delineatis. Cum gratia et privilegio, 1563. Georg Rab * Weigand Hañ * Erb. Sigmund Feierabent.
TIB 7.119 (320), illustration de Metamorphoseon, X, 86-105, 143-44.
Le poète thrace est habillé de la façon qu'on prêtait à la Renaissance aux hommes du monde civilisé : tunique courte retenue par une fibule, mais pourvue de manches courtes, chausses à mi-mollet, manteau . Il n' a pas de costume asiatique, ample ou transparent, ni de bonnet phrygien comme on le voit durant une période de l'art antique. Il est vêtu comme un Grec, couronné de laurier comme un Grec vainqueur aux jeux et joue de la lyre antique à sept cordes. Le poète est assis sur un rocher au pied d'un arbre, au centre d'un paysage de forêt. Son auditoire comprend de gauche à droite, un ours, un cerf couché, un âne, une chèvre, un oiseau, un singe perché dans l'arbre, un écureuil, un lézard, un oiseau, un renard, un bœuf, un lion et une licorne, tous tournés vers Orphée qui joue de la lyre. C'est un anachronisme que la présence de cette licorne, animal imaginaire inconnu de l'Antiquité, mais devenu une obsession de la fin du XVI ème siècle à cause des prétendues propriétés de sa corne, qui révélerait la présence du poison et en annulerait l'effet[2].
Comme dans maints tableaux de Jan Bruegel, la composition met au centre un gros arbre auquel s’adosse le personnage principal. Les détails du tronc ne sont pas suffisants pour une identification. L'écorce présente quelques accidents suggestifs, mais le cadrage ne donne pas une vue d'ensemble. Le texte du mythe explique que les arbres sensibles aussi à la voix d'Orphée se déplaçaient pour l'écouter.
L’ensemble de la composition est la copie inversée de la même scène traitée par le graveur lyonnais Bernard Salomon, mais le canif des graveurs de Virgile Solis est plus expressif que celui de son modèle.
5. COLLAERT Hans I, (1530 ?- 1581), Den grooten Værweg van Elsen. [Le grand canal d'Elsen]
Burin par Hans I Collaert, d’après Hans Bol ou Jacob Grimmer (1575-1580), deuxième édition avec les numéros par Claes Jansz. Visscher à Amsterdam.
133 x196 mm, rogné.
Cette planche est extraite d'une suite de 21 paysages situés autour de Bruxelles.où figurent aussi : Over Muelen, Ter Sijden Laken, Elsen, Sint Gilijs tot Bruesel, Elsen bÿ Brussele, t'Hof van Brussel,Elsene bÿ Brussele, Cleijnen Bijgaerden, Sinthaut, Bij Camere, Seven Hurre, Schaerbeke , De laserije onderwegen schuett, Boven vooret, Sint Jobs te Carolo , Hooch Bootfoort signé H.C en bas à dr., Ter Syden Laken signé sur la planche par les monogrammes HCF(ecit) et H.V.L EX(cudit), Te laken op den rechten wech, achter schaerbeecke , etter beeke.
Une légende en flamand est gravée à l'intérieur du trait carré pour identifier le lieu. Le centre de la composition est au loin une maison minuscule ; un champ et des bois ferment l'horizon. Par devant il y a une rivière ou un lac, une maison sur la berge plantée d'arbres qui se reflètent dans l'eau. Au premier plan, la route que tous empruntent en allant vers la droite s'élève du niveau de l'eau pour franchir une colline. On y voit quantité de personnages, qui semblent vaquer chacun à ses affaires sans qu'il y ait d'action qui les relie: une femme portant un plateau sur la tête, un berger avec ses moutons et son chien, une femme tenant un enfant par la main, un homme portant une canne sur l'épaule, suivi d'un chien, trois cavaliers, trois piétons cheminant une canne sur l'épaule. Parallèle à la route, un canal de dérivation amène ailleurs l'eau de la rivière. Un ouvrage de maçonnerie abrite sans doute une écluse. La route est un simple chemin de terre. La profondeur est donnée par l'échelle décroissante des personnages et des arbres et par le rétrécissement de la route qui est figuré maladroitement. La perspective aérienne est également employée : les lointains sont gravés fin, les arbres gagnent en détails et en contraste à mesure qu'ils sont plus proches du point de vue, des haies sombres au premier plan servent de repoussoir. Les arbres sont représentés par des troncs et des rameaux qui comportent des masses sombres avec un profil ourlé de feuilles sombres sur lesquelles avancent des feuillages plus clairs dans le haut. Mais on ne reconnaît pas diverses espèces, ce sont des feuillus génériques. Les arbres comme les personnages projettent une ombre au sol qui vient de la gauche et qui s'atténue avec la distance. Le paysage est donc rempli de figures et de fabriques de la gauche à la droite, du premier plan à l'horizon, il y a dissémination de l'intérêt sans qu’aucun axe soit privilégié. Le goût flamand au XVI e siècle, c'est en général l'accumulation profuse de détails, comme on le voit dans les kermesses de Bruegel ou les compositions de Bosch.
6. CALLOT (Jacques), Les saules au bord de l’eau (Lieure 621).
(Nancy 1592-1635)
In Lux Claustri N°23, édition de 1646 chez Langlois à Paris.
Eau-forte au vernis dur. Cuivre 0, 59 x0,081 ; 0,057 x 0,079 au t.c.
La petite gravure que nous présentons est tirée d'une série de 26 emblèmes illustrant Lux claustri. La lumière du cloistre, representées par Figures Emblematiques dessignées & gravées par Iacques Callot . A Paris, Chez François Langlois, dict Chartres, ruë S. Iacques aux Colonnes d'Hercule contre le Lyon d'Argent. M.DC. XLVI. AVEC PRIUILEGE DU ROY[3]. La deuxième édition fut publiée avec une dédicace par François Langlois à" Patri Domino D. Augustino Ioyeulx, Cartusiæ Parisiensis Priori meritissimo ". Sur chacune des planches, on a imprimé :
1° au dessus de la planche deux lignes: la première contient une inscription en latin, la seconde une inscription en français.
2° au dessous de la planche : deux vers latins, puis quatre vers français.
Au dessus : TUTIOR INTER FLETVS , QVAM /RISVS CASTIMONIA
Les pleurs mieux que les ris côservêt l’Ame pure.
Au dessous :
Amne suum nutriunt vudritura salicta virorem
Sic lachrimæ florem virginitatis alunt.
Le saule entretenu sur le bord d’une eau uiue,
Et de la Chasteté représentant les fleurs
Monstre au Religieux qui soigneux la cultiue
Comme il doit arrouser sa couche de ses pleurs.
Le livre est "consacré au rappel de l'autorité des évêques et des supérieurs d'ordres face au danger des itinéraires spirituels incontrôlés ou trop individualistes. Il fut certainement d'une grande actualité dans la vie religieuse nancéienne de la fin des années 1620, alors que l'idéal du Désert tentait nombre de laïcs pieux au point d'inquiéter la hiérarchie. C'est en effet l'époque où les ermitages se multiplient aux abords de la ville, contagion spirituelle due notamment à l'influence d'un curieux personnage, l'ermite Pierre Séguin, ancien ligueur. Callot y avait-il été sensible ? Peut-être, car il lui fit une rente au début de 1630. Mais il n'est pas impossible que l'évêque de Toul, Jean des Porcelets de Maillane, grand protecteur de Callot, ait inspiré le recueil.… le recueil ne privilégie ni une famille religieuse particulière, ni la vie monastique, contrairement à ce que son titre laisse supposer. Il traite de la vocation religieuse en général, d'une manière actuelle et originale qui le distingue dans l'abondante production de recueils d'emblèmes dévots de la première moitié du XVIIe siècle[4]."
Les arbres de cette image sont donc allégoriques et signifient autre chose que ce que l’on voit en effet , selon la définition de Roger de Piles. Les saules sont les fleurs de la chasteté, nourries par les larmes. que représente l’eau vive. Reste que l’image est bien peu ressemblante : les saules représentés ne sont pas des saules pleureurs. Leurs troncs n’ont pas l’épaisseur, ni les creux d’un saule. Ils sont encore dessinés feuille à feuille et rameau par rameau .
7. MERIAN (Matthaeus) (1595-1651)
Kleyben bey Basel, ICVischer de Jonge excu. M. Meriaen delineavit.
Eau-forte.
138 x178 au t.c.; 140 x180 au bord du cuivre
Cette image fait partie d'une série comprenant des vues de villes d'Allemagne, de Suisse, de Lorraine, d'Alsace, identifiées par une inscription à l'intérieur du trait carré, signées Matthæus Merian fecit , P. Aubry excudit ou seulement par l'un des deux. Souvent chez Merian, le paysage sert de fond à la scène de genre, où les personnages sont montrés en action dans leurs occupations quotidiennes:
Ein Meyerhoff bey Saugern:un homme traverse une passerelle sur une rivière .
Zwingen: un homme pêche à la ligne dans le fleuve, des radeaux de bois montés par deux hommes traversent un passage étroit du fleuve sous un pont couvert.
Zu Mentz[Mayence]: des hommes passent le Rhin dans une barque manœuvrée à la godille. Les passagers sont abrités sous une toile. Deux autres conversent, debout sur la berge.
Zur Krafft [ Kraft , Bas-Rhin] : dans une barque, deux hommes peinent à tirer de l'eau leur filet de pêche.
Nancy [ Meurthe et Moselle ]: un voyageur et son chien s'engagent sur un pont, à la suite d'un carrosse, de cavaliers et de piétons, des pêcheurs travaillent au haveneau et au filet.
die Birß[ rivière : deux hommes godillent dans un canot.
[ Sankt Alban à Bâle]: le berceau d'un enfant abandonné au fil de l'eau devant les moulins de Sankt Alban à Bâle],
[ Sankt Alban]: deux hommes pêchent au haveneau dans un bief de moulin à l'abbaye Sankt Alban de Bâle, un troisième remet un baquet contenant son butin à un homme agenouillé sur le bord.
Altdorff bey Dellsperg [ Altdorf près Délémont, Suisse]:une barque manœuvrée à la godille approche d'un pont de bois sur une rivière.
Zürcher see [lac de Zürich]: deux hommes armés d'épées se reposent à l'ombre, l'un étendu, l'autre assis pour écrire. un piéton avec une canne sur l'épaule et un homme à cheval passent sur le chemin.
Bergk bey Stutgart [ Berg près Stuttgart ] : un homme parle à une femme assise qui a déposé sa hotte à terre, un cheval et un paysan labourent, un cavalier passe sur le chemin;
Lauffen : un paysan monte un cheval de trait qui tire une charrette suivie d'un piéton.
Blopsen ( auj. Plobsheim [ Bas-Rhin ]): deux hommes font sortir d'une cour de ferme des vaches et des chèvres en direction de la fontaine.
Lörch : un homme fend des rondins à la hache, une femme passe tenant par la main un enfant .
Zur Krafft (auj. village de Krafft , Bas-Rhin .)
Lauffen: sur un pont près des chutes du Rhin passe un tombereau , deux piétons se croisent, un troisième se penche sur l'eau.
La formule est constante, que les sites choisis soient dans la campagne, ou dans des lieux habités. La localité désignée par le titre est quelquefois perdue à l'horizon, l'intérêt se porte d'abord sur les figures du premier plan. La vue est prise de la rive droite du Rhin, et l'on aperçoit sur l'autre rive la ville de Bâle au loin, derrière ses remparts. Mais au premier plan, on voit avec plus de détails une maison noble crénelée et une ferme. Au confluent du Rhin et d'un ruisseau, des pêcheurs à pied attrapent les poissons au haveneau et au carrelet. Ils ont fixé à demeure des nasses sur des poteaux plantés dans le courant . Les prises sont placées dans des baquets de bois à poignées. Des bateliers passent gens et colis d'une rive à l'autre, faute de pont.
Mais le plus important dans la composition, ce sont les arbres, des feuillus, peut-être un chêne au premier plan. Les feuilles fondues en masses se détachent une à une sur les bords des rameaux. Les différences d'éclairage apparaissent entre le côté ombreux et celui de la lumière, qui vient de gauche à travers les feuillages et oppose nettement les troncs éclairés à ceux qui sont sombres. L'ombre est faite de tailles croisées qui moirent sur le sol et sont trop uniformes sur les troncs en contrejour. Le ciel est occupé par un grand nuage blanc sur lequel tout se détache parfaitement, mais un bout de ciel bleu parcouru d'oiseaux équilibre cette succession de bandes sombres et claires.
8. MERIAN (Matthaeus ) (1595-1651), [ Paysage fluvial ]
Eau-forte.
Le paysage est fortement contrasté par l’arbre sombre du premier plan, vu en contre-jour.
Ceux des pentes plus éloignées sont montrés comme des masses de feuillage éclairées par le haut, avec une lumière rasante qui semble parallèle aux pentes. Quelques-uns se détachent par un contour sombre sur fond clair ou un contour clair sur fond sombre. On ne saurait identifier l’espèce de l’un ni des autres. Le premier plan d’une gravure en est le plus sombre, la perspective aérienne impose de graver les autres plans d’un trait plus fin et plus léger.
9. FLAMEN (Albert), Veue de Soisy.
AB flamen in .et fe.
Eau-forte.
104 x 210 mm au t.c., 112 x 213 mm à la cuvette.
De la forêt à droite qui sert d'écran, sortent des danseurs qui viennent sur une place dégagée de la berge. Une femme danse avec deux hommes, un homme couronné de feuilles avec deux femmes. Un musicien assis avec une femme sur un talus joue d'un instrument à vent qui pourrait être une cornemuse. La vue s'étend sur la gauche au delà de la Seine sur la maison ou le château du président Bailleu, flanqué d'une tour de pigeonnier signalant le seigneur du lieu, et sur le village de Soisy et son église, protégés par un mur crénelé. Un horizon de collines boisées se devine au loin, d'où coule sans doute la source alimentant le jet d'eau à l'extrême gauche de l'image. Entre le premier plan et l'autre rive où des gens forment une ronde, passe le fleuve, sur lequel des bateliers manœuvrent à la gaffe des coches d'eau chargés de couples. Dans le ciel serein de ce beau jour ensoleillé une fumée s'élève de la cheminée du château, annonçant un repas. La profondeur est suggérée moins par les lignes fuyant vers un point situé à droite en dehors du trait carré que par l'épaisseur décroissante des traits de la gravure, qui découpe l'image en bandes horizontales exagérément graduées. Le site est identifié très précisément par la légende . Il s'agit à la fois d'une vue d'un état réel du pays, de la représentation d'un bâtiment et d'une fête bucolique. Connu pour ses dessins naturalistes d'oiseaux aquatiques, pour une série d'eaux-fortes sur des poissons de rivière, et pour des gravures de propagande religieuse, l'artiste hésite entre le paysage et la scène de genre.
Les arbres qu’il figure sur le côté droit ont la fonction de coulisse entre le premier plan et le paysage. Ils se détachent comme des lignes et des masses sombres sur le fond plus clair . Les arbres y sont différenciés, les saules de la rive s’opposent aux arbres de haute futaie qui les dominent, le degré de morsure sépare les deux arbres du premier plan de celui qu’entourent les saules, les masses de l’un s’opposent aux feuilles clairsemées de l’autre.
10. WATERLOO (Anthonie) (1609-1690), Les deux garçons et le chien (B.64)
Eau-forte.
123 x 138 mm au t.c.
La composition comporte un groupe de quatre arbres au centre, et des aperçus sur le lointain à gauche et à droite. Sur un talus devant le groupe d'arbres, au premier plan, deux personnes, l'une assise, l'autre debout, et un chien. On voit à gauche, au delà d'une pente sombre, un bois assez clair, que la lumière traverse et à droite, au delà d'un chemin qui descend dans l'ombre, des prés entourés d'arbres et des montagnes aux pentes douces forment l'horizon. Le ciel clair est vide, une lumière vive donne des ombres fortes sur les troncs, sur les sols, les chemins creux, le dessous des bouquets de feuilles dans la couronne des arbres. Nul autre vivant que le trio du premier plan. Qui sont-ils, que font-ils ? Rien de remarquable, rien qui permette de leur donner un nom. A suivre les éléments de la composition du plus proche au plus lointain, le regard se heurte au bouquet d'arbres central, et doit passer du centre à droite, de là à l'extrême gauche et repartir vers la droite pour arriver à l'horizon. Au lieu d'un paysage qui s'organise comme un décor de théâtre avec des plans échelonnés en profondeur de part et d'autre qui laissent pénétrer le regard par le centre de l'espace jusqu'au fond, on a ici une composition en zig-zag qui ménage habilement les contrastes de lumière et d'ombre entre des plans distants l'un de l'autre.
11. KÜSELL (Melchior) (Augsbourg 1626-1683) d'après Johann Wilhelm Baur (Strasbourg 1607 - Vienne 1642)
[Chemin des Alpes]
J.W.Baur inv. Cum Privilegio S.C.M. Melchior Küsell fecit Aug. Vind. 9.
Eau-forte
153 x 209 mm au t.c.
Cette image est une vue que le peintre strasbourgeois Johann Wilhelm Baur a sans doute aperçue et dessinée en traversant les Alpes pour aller en Italie. Elle surprend par le point de vue, placé sur un chemin qui s'élève à flanc de montagne, et par la proximité d'un horizon aux lignes abruptes, par le cadrage qui coupe le haut de la montagne, par l'éclairage étrange qui vient de la droite et frappe le fond de la vallée à gauche autant que le pan de montagne opposé au peintre. Le dégradé des valeurs du noir au gris le plus clair, l'affaiblissement des contrastes avec l'éloignement sont conformes à la perspective aérienne. La vue montre une montagne pleine d'aspérités rocheuses, de falaises, de précipices, sans chaumières, ni chapelle. Elle montre une montagne qui n'est pas tout-à-fait déserte : sans y habiter, les hommes la traversent sur un chemin aménagé, pourvu de rambardes, et d'escaliers. Il faut chercher longtemps les deux figures qui par leur taille différente fournissent une échelle des distances. Sur les deux versants de la montagne, les conifères aux troncs tordus, nettement dessinés, se mêlent aux feuillus bien plus flous, dont on ne discerne pas l'espèce. Cette région peu hospitalière est un espace tout opposé au locus amœnus du paysage idéal.
12. HOLLAR (Wenzel), d’après Jacques d’Artois (1613-1686)[ Paysage ]
Prague 1607-1677)
Eau-forte.
Copie d'un tableau de Jacques d'Arthois (Bruxelles 1613-1686) tirée d'une série de paysages d'après les maîtres publiée chez Cornelis Galle vers 1660, 14 x 21, 7 cm..
Il présente une forêt laissant apercevoir en contrebas une plaine aux horizons lointains.
Hollar a appris la gravure chez Mattheus Merian à Francfort sur le Main. Jacques d'Arthois est peintre de paysage et de batailles. Il dessine des paysage au lavis d'encre gris - bleu.
13. PERELLE (Adam ou Nicolas) (1638-1695), Paysage avec tour.
Perelle In. et fecit — Drevet avec privilege.
Eau-forte.
98 x162 mm au t.c.
L’arbre au centre de la composition laisse voir une échappée dans l’enfoncement de l’image vers des montagnes alpestres d’un côté, vers un château médiéval au bord de l’eau de l’autre côté. C’est un feuillu, mais dessiné de pratique, il vaut surtout par le contour découpé et ramifié des ses branches. Les bouquets de feuilles sont opaques, les feuilles indiscernables sont traitées en masses. Paysage imaginaire, sans vraisemblance géologique.
14. PERELLE (Adam ou Nicolas) (1638-1695) [Jésus au jardin des oliviers avec les disciples endormis.]
Eau-forte.
115 x 167 au t.c., 131 x174 mm à la cuvette.
Lettre: Faict par Perelle A Paris, chez P. Drevet rue St Jacques a l'annonciation auec priuil. du Roy 37
Les figures forment au premier plan la scène correspondant au récit de l'évangile de Luc XXII, 39-46, qui a des parallèles dans Marc XIV, 32-42, et Matthieu XXVI, 30-46. Jean XVIII, 1-3 est plus elliptique. Jésus se retire la nuit au jardin des oliviers, à quelque distance de la ville, avec trois de ses disciples les plus proches pour prier à l'approche de la mort, mais malgré leur bonne volonté, les disciples s'endorment et Jésus qui s'adresse à son Père reçoit du ciel un réconfort apporté par un ange, que Luc est seul à mentionner.
La scène de l'évangile se passe la nuit, ici on voit une lumière surnaturelle émanant de l'ange qui traverse les nuées séparant le monde d'en haut et celui d'ici-bas. Mais ces rayons qui ont l'air d'éclairer les arbres au centre de la pièce, de percer l'ombre de ceux qui font écran en contre-jour au premier plan à gauche, rencontrent deux autres lumières : d'une part, celle qui émane des auréoles entourant la tête des saints, qui sont figurées de façon contradictoire tantôt par du blanc sur fond plus sombre, tantôt par des traits noirs sur fond blanc, d'autre part, celle qui émane du soleil qui éclaire normalement, comme en plein jour, la ville fortifiée, le chemin et les montagnes escarpées dans les zones les plus lointaines du côté droit. Les nuées du ciel naturel ne s'accordent guère avec les nuées mystiques qui entourent l'ange. La composition est donc un collage de motifs familiers des Perelle, qui suivent leurs recettes ordinaires, sans grand souci de la cohérence.
15. PERELLE (Adam ou Nicolas ) (1638-1695) , Le Christ et les pélerins d’Emmaüs.
Eau-forte
Faict par Perelle— A Paris, chez P.Drevet, rue St Jacques a l’annonciation. auec priuil. du Roy
114 x184 au t.c.
Dans un paysage à l’italienne parsemé de fabriques, c’est-à-dire de constructions, un groupe de trois personnages masculins, dont le plus grand est entouré d’une auréole brillante , marche sur un grand chemin . Les personnages sont petits et à peine reconnaissables, le paysage est l’élement principal. On appelle ce genre le paysage historique. Devant un arrière plan de montagnes escarpées, un rideau d’arbres occupe le côté gauche de la composition et sert de coulisse pour repousser la scène religieuse au second plan.
16. PERELLE (Adam ou Nicolas) (1638-1695), [Le baptème de Jésus au Jourdain.]
Eau-forte.
117 x 184 mm au t.c., 134 x191 mm à la cuvette.
Lettre: Faict par Perelle A Paris chez P. Drevet rue St Jacques a l'annonciation auec priuil. du Roy
La composition présente au centre les groupes d'arbres sombres au premier plan, avec des branches découpées en bouquets, qui sont caractéristiques des paysages de la famille Perelle. La scène du baptême est au premier plan, presque au centre et se réduit à deux personnages auréolés de lumière : Jean Baptiste et le Christ. Le premier porte une croix à laquelle pend un phylactère, attribut du Précurseur. L'autre, debout dans le Jourdain, un ruisseau aux eaux calmes et peu profondes. Le Christ est dévêtu et ne porte qu'un pagne, il croise les mains sur la poitrine. Il a les cheveux longs, il est imberbe, on le prendrait pour une femme. La scène se passe en tête à tête: il n'y a pas de témoins, pas de foule, pas de colombe descendant du ciel en présence du peuple d'Israël, pas d'anges pour tenir les vêtements du baptisé. Vers la gauche un escalier monte du fleuve vers les ruines d'un temple corinthien à fronton envahi de végétaux. Plus loin on aperçoit les ruines d'une église avec des parties romanes et gothiques. Sur la droite, on voit au loin des édifices médiévaux ruinés, au milieu de collines boisées, des falaises couvertes de feuillus ferment l'horizon. La lumière venant en contrejour, oppose le premier plan sombre aux lointains éclairés par des rayons passant entre les nuages. Ce paysage est donc une fiction anatopique, car il représente la scène biblique dans un décor européen plutôt qu'oriental. Il y a aussi un anachronisme à figurer le baptême du Christ devant des édifices qui n'existaient pas à son époque. Mais ce genre d'incohérences était usuel et montre une indifférence aux lois du decorum, aux vraisemblances, à la couleur locale. La composition prend aussi bien des libertés avec l'iconographie traditionnelle de ce thème abondamment représenté. Les personnages n'y sont que comme des accessoires.
17. DEMARTEAU (Gilles) (Liège 1729-Paris 1776) d'après HUET (Jean-Baptiste) : [Conversations galantes entre bergers]
Manière de crayon et eau-forte.
24,2 x 31,3 cm au t.c.; papier 31,4 x 39 cm.
J.B. Huet pinx. A Paris, chez Demarteau, Graveur Cloître St. Benoît. N° 601 Demarteau sculp.
La scène est une bergerie sentimentale du style pastoral tel qu'il est entendu sous Louis XVI. Un couple de jeunes gens fait une halte pour boire dans la campagne. Un jeune enfant sur un âne bâté, un chien, des moutons les entourent. Le jeune homme a mis deux colombes dans son chapeau et les présente à la jeune femme troussée haut pour marcher. A terre gît une gourde. L'âne broute. La scène de genre, i.e. une action liant entre eux plusieurs personnages, l'emporte sur le paysage.
Les arbres qui se trouvent au premier plan et à l’arrière de la scène sont des saules dont les feuilles sont un fouillis vaporeux, traduit par des lignes qui se perdent dans la lumière.
18. EARLOM Richard (1742-1822) d’ap. Claude Gellée le Lorrain
Eau-forte et roulette.
Claude Le Lorrain delin. t — R. Earlom fecit
N° 90 du Liber Veritatis
Published May 1. 1775 by John Boydell, Engraver in Cheapside.
Le peintre Claude le Lorrain est arrivé très tôt en Italie où il s'est illustré par l'étude des effets de la lumière, et des nuages . Il avait l'habitude de dessiner à l'encre un lavis de ses tableaux avant de les livrer au client pour en garder le souvenir dans son Liber veritatis [livre de vérité ]. Cet album transmis à sa fille, acquis de la fille de l'artiste par le duc de Devonshire au XVIIIème siècle et conservé au château de Chatsworth, puis au British Museum, a été gravé au XVIIIe siècle par Richard Earlom, qui y a employé une combinaison de procédés en demi-teintes obtenues à la roulette pour les dégradés des nuages et à l'eau-forte pour les contours des arbres et des bâtiments.
19. EARLOM (Richard)(1742-1822) d’après Claude Gellée le Lorrain
Eau-forte et roulette.
N° 117 du Liber veritatis .
Claude le Lorrain delint. Published May 1.st 1775 by John Boydelle Engraver in Cheapside . From the Original Drawing in the Collection of the Duke of Devonshire.
Paysage idéal inspiré de la campagne romaine. L’arbre en contrejour est impressionnant par son déséquilibre, les jours qui passent entre les feuillages, l’épaisseur que leur masse oppose aux regards